La Horde


*


Jour après jour, l’automne colore de teintes mordorées 

la steppe clairsemée des dunes de mon quartier. 


Pendant ce temps, harangués par les mouettes, 

quelques passants hagards vacillent entre le vent d’Autan 

et les conversations animées de la horde. 


Ne devrais-je pas être affairée à cumuler des heures de productivité ? 


Mes pieds préfèrent fouler le sable, 

mes yeux compter au loin les corps-morts,

encerclés de lianes de métal rouillé. 


Elles sont nues, privées de leurs coquillages irisés 

que l'on goûte partout, l’été, aux tables des cabanes estampillées. 


« Fais un effort ! Tu n’es pas Tesson au Baykal 

et ne peux te permettre de noyer tes jours 

dans la contemplation et la vodka. » 


Combien de temps encore consacrerais-je  

à tamiser des idées dans l’obscurité de ma pensée ? 


Une vertu serait de se taire. 

Ne laisser aucune trace, 

puisque immanquablement elles s’effacent. 


Sans lumière, pas de reflet. 

Sans reflet, point de reddition 

mise sur le compte de l’abandon. 


La pluie s’annonce. 

Le fil d’ariane me ramène à ma cabane. 


Les mots flottent, comme en suspend.

Attendant patiemment que j’ai fini de douter.